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Discrimination au travail à cause de l’état de santé : quels sont vos droits ?

Un enjeu de justice et de santé au travail

La discrimination au travail fondée sur l’état de santé reste une réalité préoccupante dans de nombreuses entreprises françaises. Derrière des situations parfois banalisées, un refus de promotion, une mise à l’écart après un arrêt maladie ou une rupture de contrat jugée “stratégique”, se cachent souvent des atteintes graves aux droits fondamentaux des salariés.

Le droit du travail encadre strictement ces pratiques. Il protège chaque salarié, qu’il soit atteint d’une maladie chronique, d’un handicap ou en convalescence, contre toute mesure injustifiée liée à son état de santé. Pourtant, beaucoup ignorent encore l’étendue de cette protection ou hésitent à agir par peur des représailles.

Les discriminations peuvent prendre des formes variées :

  • Directes, lorsqu’un employeur prend une décision défavorable en raison de l’état de santé d’un salarié ;
  • Indirectes, quand une règle interne, apparemment neutre, désavantage certaines personnes en raison de leur condition médicale ;
  • Structurelles, lorsque l’organisation du travail ne tient pas compte des besoins d’adaptation liés à un handicap ou à un traitement.

Au-delà des aspects juridiques, il s’agit d’un enjeu humain et social majeur : préserver la dignité, la sécurité et l’égalité de traitement de chacun au sein de l’entreprise.

Dans cet article, nous verrons comment identifier une discrimination, quelles preuves rassembler et quels recours entreprendre pour faire valoir ses droits.

Un renseignement ?

Pictogramme représentant une personne assisse dans une chaise roulanteQu’est-ce qu’une discrimination liée à l’état de santé ?

La discrimination liée à l’état de santé désigne toute différence de traitement injustifiée subie par un salarié en raison de sa condition physique ou psychologique. Elle peut concerner aussi bien une maladie passagère qu’un handicap reconnu, un burn-out ou une affection de longue durée.

Une définition légale claire

Le Code du travail, à l’article L1132-1, interdit formellement toute mesure défavorable à l’égard d’un salarié fondée sur son état de santé ou son handicap.
Cela inclut notamment :

  • Le refus d’embauche ou de stage pour cause de maladie ;
  • Le non-renouvellement d’un contrat de travail temporaire ou à durée déterminée ;
  • Une mutation imposée ou une rétrogradation injustifiée ;
  • Une sanction disciplinaire ou un licenciement motivé par des absences médicales.

Autrement dit, un employeur ne peut prendre aucune décision défavorable en raison directe ou indirecte de l’état de santé d’un salarié. Seules les situations où la maladie rend l’exercice du poste impossible peuvent, dans certains cas, justifier une mesure adaptée — mais elles doivent être rigoureusement encadrées par la loi et validées par le médecin du travail.

Des situations concrètes de discrimination

Dans la pratique, la discrimination peut prendre plusieurs formes :

  • Refus de promotion après un arrêt maladie prolongé ;
  • Mise à l’écart du collectif de travail lors du retour d’un salarié après un burn-out ;
  • Pressions ou remarques sur la fréquence des arrêts maladie ;
  • Retrait de missions importantes sous prétexte de « fragilité » ;
  • Évaluation professionnelle biaisée en lien avec un état de santé connu.

Ces comportements, souvent insidieux, créent un climat de défiance et d’exclusion qui peut aggraver la souffrance psychologique du salarié.

Pour qu’une situation soit reconnue comme discriminatoire, il faut démontrer que l’état de santé a influencé la décision de l’employeur, directement ou indirectement.
C’est là que l’accompagnement d’un avocat en droit du travail devient essentiel : il aide à identifier les indices, qualifier juridiquement les faits et préparer un dossier solide.

Comment prouver une discrimination au travail ?

La preuve est l’étape la plus délicate pour le salarié victime d’une discrimination liée à son état de santé. Les comportements discriminatoires sont souvent discrets, déguisés derrière des justifications “objectives” comme une réorganisation interne ou une baisse de performance. Pourtant, le Code du travail prévoit un régime de preuve aménagé favorable au salarié.

La charge de la preuve partagée

Depuis la loi du 16 novembre 2001, le salarié n’a pas à démontrer la discrimination dans son intégralité. Il doit seulement présenter des éléments de fait laissant supposer son existence.
Ensuite, c’est à l’employeur de prouver que sa décision repose sur des motifs objectifs, étrangers à toute discrimination.

Ce mécanisme permet d’équilibrer la relation entre les deux parties et de faciliter la reconnaissance judiciaire des situations injustes.

Exemple :

Si un salarié atteint d’un cancer est écarté d’une promotion après son retour, il lui suffit d’apporter des éléments cohérents (mails, témoignages, historiques d’évaluation) pour inverser la charge de la preuve.

Les preuves à réunir

Pour constituer un dossier solide, plusieurs types d’éléments peuvent être utilisés :

  • Documents écrits : courriels internes, lettres de refus, rapports d’évaluation, convocations disciplinaires, etc.
  • Témoignages de collègues, de représentants du personnel ou du médecin du travail.
  • Éléments comparatifs : différences de traitement entre salariés exerçant les mêmes fonctions.
  • Constats médicaux : arrêts de travail, certificats ou correspondances prouvant la chronologie des faits.

Le salarié doit conserver toute trace écrite démontrant que son état de santé a influencé une décision professionnelle.

Le rôle essentiel de l’avocat

L’intervention d’un avocat en droit du travail est déterminante à ce stade.
Son accompagnement permet :

  • D’analyser objectivement les faits pour vérifier s’ils constituent une discrimination ;
  • De rédiger les courriers à l’employeur ou aux institutions compétentes ;
  • De préparer le dossier en vue d’une action devant le Conseil de prud’hommes ;
  • Et, le cas échéant, de négocier une solution amiable (médiation, rupture conventionnelle, indemnisation).

Faire appel à un professionnel du droit offre au salarié une stratégie claire et des chances accrues de reconnaissance de la discrimination subie.

Quels sont les recours possibles ?

Lorsqu’un salarié estime être victime d’une discrimination liée à son état de santé, plusieurs voies de recours s’offrent à lui. Avant d’engager une procédure judiciaire, il est souvent conseillé de privilégier une approche progressive et encadrée, afin de préserver le dialogue et de renforcer la crédibilité du dossier.

La conciliation et la médiation : des solutions amiables à privilégier

Avant toute action en justice, il est possible de rechercher une solution amiable.
Plusieurs interlocuteurs peuvent intervenir :

  • Le médecin du travail, qui peut alerter l’employeur et proposer un aménagement de poste ;
  • L’inspection du travail, compétente pour signaler les manquements à la législation ;
  • Le Défenseur des droits, autorité indépendante pouvant enquêter sur les faits et recommander des mesures correctives ;
  • L’avocat en droit du travail, qui peut encadrer les échanges et sécuriser les démarches.

La médiation permet parfois de réparer une situation sans conflit ouvert, tout en sensibilisant l’entreprise à ses obligations légales.

La saisine du Conseil de prud’hommes

Si la médiation échoue ou si la situation demeure bloquée, le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes. Cette juridiction est compétente pour juger les litiges individuels liés au contrat de travail, dont la discrimination.

La procédure suit plusieurs étapes :

  1. Dépôt de la requête : le salarié expose les faits et ses demandes (indemnisation, réintégration, reconnaissance de la discrimination).
  2. Phase de conciliation : une première audience tente un règlement amiable.
  3. Phase de jugement : le Conseil examine les preuves, entend les parties et rend sa décision.

Le salarié dispose d’un délai de prescription de 5 ans à compter de la dernière manifestation de la discrimination pour agir.

Les sanctions encourues pour l’employeur

Lorsqu’une discrimination est reconnue, les conséquences peuvent être lourdes pour l’employeur :

  • Réintégration du salarié dans son poste ou dans un poste équivalent ;
  • Versement de dommages et intérêts pour compenser le préjudice subi (moral, financier, professionnel) ;
  • Amende pénale pouvant aller jusqu’à 45 000 € et 3 ans d’emprisonnement pour une personne physique ;
  • Atteinte à la réputation de l’entreprise, notamment si la décision de justice est rendue publique.

Ces sanctions visent à rappeler que le respect du droit à la non-discrimination est une obligation légale et morale pour tout employeur.

Le rôle protecteur du médecin du travail

Souvent perçu comme un simple acteur de la prévention, le médecin du travail joue pourtant un rôle central dans la lutte contre les discriminations liées à l’état de santé. Son action vise à préserver la santé du salarié, mais aussi à garantir son maintien dans l’emploi dans des conditions compatibles avec son état.

Un acteur clé de la prévention des discriminations

Le médecin du travail est tenu à une indépendance absolue vis-à-vis de l’employeur. Sa mission principale est d’éviter toute dégradation de la santé liée au poste de travail. Concrètement, il peut :

  • Alerter l’entreprise sur des pratiques ou conditions pouvant nuire à la santé d’un salarié ;
  • Émettre des recommandations d’aménagement de poste ou de rythme de travail ;
  • Proposer des mesures de reclassement lorsque le salarié est déclaré inapte à son poste initial ;
  • Assurer un suivi régulier pour prévenir la rechute ou l’isolement professionnel après un arrêt maladie.

Ces interventions permettent souvent d’éviter que l’état de santé d’un salarié ne devienne un prétexte à son éviction ou à un traitement inégal.

Un lien de confiance à préserver

Pour que son action soit efficace, le médecin du travail doit pouvoir s’appuyer sur une relation de confiance avec le salarié. Ce dernier doit pouvoir lui parler librement de ses difficultés physiques, psychologiques ou organisationnelles, sans craindre que ces informations soient utilisées contre lui.

Le secret médical est absolu : aucune information sur la nature de la maladie ne peut être transmise à l’employeur sans l’accord du salarié. Ainsi, le médecin du travail agit comme un intermédiaire impartial, veillant à concilier les impératifs de santé avec les exigences du poste.

Une responsabilité partagée entre l’employeur et le salarié

L’employeur a l’obligation de prendre en compte les préconisations du médecin du travail. Ignorer ses recommandations ou licencier un salarié sans avoir tenté un reclassement peut être considéré comme discriminatoire ou abusif. De son côté, le salarié doit coopérer en participant activement aux démarches de prévention et de maintien dans l’emploi.

En somme, le médecin du travail n’est pas seulement un soignant : il est un allié juridique et humain dans la défense du droit à la non-discrimination au travail.

Comment réagir face à une discrimination ?

Être victime d’une discrimination au travail à cause de son état de santé est une situation éprouvante, tant sur le plan moral que professionnel. Pourtant, il est essentiel de ne pas rester isolé et d’agir méthodiquement pour faire valoir ses droits.

1. Identifier et documenter les faits

La première étape consiste à observer et consigner les comportements ou décisions suspects.
Il est conseillé de :

  • Noter les événements avec leurs dates précises (remarques, décisions, exclusions, refus de poste…) ;
  • Conserver les échanges écrits (mails, SMS, comptes rendus de réunions) ;
  • Comparer sa situation avec celle de collègues aux fonctions similaires ;
  • Demander un avis médical ou un suivi du médecin du travail en cas de dégradation de la santé.

Plus le dossier est documenté, plus il sera solide en cas de recours.

2. Alerter les interlocuteurs internes

Avant toute démarche contentieuse, il peut être utile d’en parler à certains acteurs de l’entreprise :

  • Le supérieur hiérarchique ou le service RH, si la situation le permet ;
  • Le représentant du personnel ou le CSE (Comité social et économique), qui peut relayer l’alerte ;
  • Le médecin du travail, capable de recommander des mesures d’aménagement ou de médiation.

Dans certains cas, une discussion encadrée permet d’apaiser la situation et d’éviter l’escalade du conflit.

3. Consulter un avocat en droit du travail

Lorsque la discrimination persiste ou que le dialogue est rompu, il devient indispensable de consulter un avocat en droit du travail.
Ce professionnel :

  • Évalue la viabilité juridique du dossier ;
  • Aide à constituer les preuves et à rédiger les courriers officiels ;
  • Oriente vers les bons interlocuteurs (Inspection du travail, Défenseur des droits, Conseil de prud’hommes) ;
  • Accompagne le salarié tout au long de la procédure.

En cas de doute sur vos droits ou vos démarches, l’avocat est votre meilleur allié pour défendre vos intérêts sans aggraver votre situation professionnelle.

4. Prendre soin de sa santé et se faire accompagner

La discrimination liée à la santé peut générer un fort stress, de la culpabilité ou de la perte de confiance.
Il est important de :

  • Consulter son médecin traitant pour évaluer l’impact psychologique et physique ;
  • Se rapprocher d’un psychologue du travail ou d’une association spécialisée ;
  • S’entourer de soutiens familiaux ou syndicaux pour ne pas rester seul face à la pression.

Agir pour faire reconnaître une discrimination, c’est aussi reprendre le contrôle de sa situation et restaurer sa dignité au travail.

Défendre ses droits pour préserver sa dignité au travail

La santé d’un salarié ne devrait jamais être un motif d’exclusion, de mise à l’écart ou de sanction. Pourtant, la discrimination au travail liée à l’état de santé demeure une réalité trop fréquente. Elle fragilise non seulement les individus, mais aussi les valeurs d’équité et de respect sur lesquelles repose la vie en entreprise.

Grâce au droit du travail, chaque salarié dispose aujourd’hui d’outils juridiques solides pour se défendre.
Qu’il s’agisse de rassembler des preuves, d’alerter les bons interlocuteurs ou de saisir la justice, aucune démarche n’est anodine : chacune contribue à faire reculer l’injustice et à renforcer la protection des travailleurs.

Se faire accompagner par un avocat expérimenté en droit du travail, c’est s’assurer que chaque étape soit menée avec rigueur, stratégie et humanité.
Le Cabinet Villié Avocat, fort de son expertise en matière de litiges liés à la santé et à la discrimination, accompagne les salariés dans leurs démarches pour faire respecter leurs droits et restaurer leur équilibre professionnel.

Défendre sa dignité au travail, c’est aussi défendre le droit fondamental à la santé, au respect et à l’égalité de traitement.

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Avocat à la Cour d'appel

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