La discrimination au travail fondée sur l’état de santé reste une réalité préoccupante dans de nombreuses entreprises françaises. Derrière des situations parfois banalisées, un refus de promotion, une mise à l’écart après un arrêt maladie ou une rupture de contrat jugée “stratégique”, se cachent souvent des atteintes graves aux droits fondamentaux des salariés.
Le droit du travail encadre strictement ces pratiques. Il protège chaque salarié, qu’il soit atteint d’une maladie chronique, d’un handicap ou en convalescence, contre toute mesure injustifiée liée à son état de santé. Pourtant, beaucoup ignorent encore l’étendue de cette protection ou hésitent à agir par peur des représailles.
Les discriminations peuvent prendre des formes variées :
Au-delà des aspects juridiques, il s’agit d’un enjeu humain et social majeur : préserver la dignité, la sécurité et l’égalité de traitement de chacun au sein de l’entreprise.
Dans cet article, nous verrons comment identifier une discrimination, quelles preuves rassembler et quels recours entreprendre pour faire valoir ses droits.
Qu’est-ce qu’une discrimination liée à l’état de santé ?La discrimination liée à l’état de santé désigne toute différence de traitement injustifiée subie par un salarié en raison de sa condition physique ou psychologique. Elle peut concerner aussi bien une maladie passagère qu’un handicap reconnu, un burn-out ou une affection de longue durée.
Le Code du travail, à l’article L1132-1, interdit formellement toute mesure défavorable à l’égard d’un salarié fondée sur son état de santé ou son handicap.
Cela inclut notamment :
Autrement dit, un employeur ne peut prendre aucune décision défavorable en raison directe ou indirecte de l’état de santé d’un salarié. Seules les situations où la maladie rend l’exercice du poste impossible peuvent, dans certains cas, justifier une mesure adaptée — mais elles doivent être rigoureusement encadrées par la loi et validées par le médecin du travail.
Dans la pratique, la discrimination peut prendre plusieurs formes :
Ces comportements, souvent insidieux, créent un climat de défiance et d’exclusion qui peut aggraver la souffrance psychologique du salarié.
Pour qu’une situation soit reconnue comme discriminatoire, il faut démontrer que l’état de santé a influencé la décision de l’employeur, directement ou indirectement.
C’est là que l’accompagnement d’un avocat en droit du travail devient essentiel : il aide à identifier les indices, qualifier juridiquement les faits et préparer un dossier solide.
La preuve est l’étape la plus délicate pour le salarié victime d’une discrimination liée à son état de santé. Les comportements discriminatoires sont souvent discrets, déguisés derrière des justifications “objectives” comme une réorganisation interne ou une baisse de performance. Pourtant, le Code du travail prévoit un régime de preuve aménagé favorable au salarié.
Depuis la loi du 16 novembre 2001, le salarié n’a pas à démontrer la discrimination dans son intégralité. Il doit seulement présenter des éléments de fait laissant supposer son existence.
Ensuite, c’est à l’employeur de prouver que sa décision repose sur des motifs objectifs, étrangers à toute discrimination.
Ce mécanisme permet d’équilibrer la relation entre les deux parties et de faciliter la reconnaissance judiciaire des situations injustes.
Exemple :
Si un salarié atteint d’un cancer est écarté d’une promotion après son retour, il lui suffit d’apporter des éléments cohérents (mails, témoignages, historiques d’évaluation) pour inverser la charge de la preuve.
Pour constituer un dossier solide, plusieurs types d’éléments peuvent être utilisés :
Le salarié doit conserver toute trace écrite démontrant que son état de santé a influencé une décision professionnelle.
L’intervention d’un avocat en droit du travail est déterminante à ce stade.
Son accompagnement permet :
Faire appel à un professionnel du droit offre au salarié une stratégie claire et des chances accrues de reconnaissance de la discrimination subie.
Lorsqu’un salarié estime être victime d’une discrimination liée à son état de santé, plusieurs voies de recours s’offrent à lui. Avant d’engager une procédure judiciaire, il est souvent conseillé de privilégier une approche progressive et encadrée, afin de préserver le dialogue et de renforcer la crédibilité du dossier.
Avant toute action en justice, il est possible de rechercher une solution amiable.
Plusieurs interlocuteurs peuvent intervenir :
La médiation permet parfois de réparer une situation sans conflit ouvert, tout en sensibilisant l’entreprise à ses obligations légales.
Si la médiation échoue ou si la situation demeure bloquée, le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes. Cette juridiction est compétente pour juger les litiges individuels liés au contrat de travail, dont la discrimination.
La procédure suit plusieurs étapes :
Le salarié dispose d’un délai de prescription de 5 ans à compter de la dernière manifestation de la discrimination pour agir.
Lorsqu’une discrimination est reconnue, les conséquences peuvent être lourdes pour l’employeur :
Ces sanctions visent à rappeler que le respect du droit à la non-discrimination est une obligation légale et morale pour tout employeur.
Souvent perçu comme un simple acteur de la prévention, le médecin du travail joue pourtant un rôle central dans la lutte contre les discriminations liées à l’état de santé. Son action vise à préserver la santé du salarié, mais aussi à garantir son maintien dans l’emploi dans des conditions compatibles avec son état.
Un acteur clé de la prévention des discriminations
Le médecin du travail est tenu à une indépendance absolue vis-à-vis de l’employeur. Sa mission principale est d’éviter toute dégradation de la santé liée au poste de travail. Concrètement, il peut :
Ces interventions permettent souvent d’éviter que l’état de santé d’un salarié ne devienne un prétexte à son éviction ou à un traitement inégal.
Pour que son action soit efficace, le médecin du travail doit pouvoir s’appuyer sur une relation de confiance avec le salarié. Ce dernier doit pouvoir lui parler librement de ses difficultés physiques, psychologiques ou organisationnelles, sans craindre que ces informations soient utilisées contre lui.
Le secret médical est absolu : aucune information sur la nature de la maladie ne peut être transmise à l’employeur sans l’accord du salarié. Ainsi, le médecin du travail agit comme un intermédiaire impartial, veillant à concilier les impératifs de santé avec les exigences du poste.
L’employeur a l’obligation de prendre en compte les préconisations du médecin du travail. Ignorer ses recommandations ou licencier un salarié sans avoir tenté un reclassement peut être considéré comme discriminatoire ou abusif. De son côté, le salarié doit coopérer en participant activement aux démarches de prévention et de maintien dans l’emploi.
En somme, le médecin du travail n’est pas seulement un soignant : il est un allié juridique et humain dans la défense du droit à la non-discrimination au travail.
Être victime d’une discrimination au travail à cause de son état de santé est une situation éprouvante, tant sur le plan moral que professionnel. Pourtant, il est essentiel de ne pas rester isolé et d’agir méthodiquement pour faire valoir ses droits.
La première étape consiste à observer et consigner les comportements ou décisions suspects.
Il est conseillé de :
Plus le dossier est documenté, plus il sera solide en cas de recours.
Avant toute démarche contentieuse, il peut être utile d’en parler à certains acteurs de l’entreprise :
Dans certains cas, une discussion encadrée permet d’apaiser la situation et d’éviter l’escalade du conflit.
Lorsque la discrimination persiste ou que le dialogue est rompu, il devient indispensable de consulter un avocat en droit du travail.
Ce professionnel :
En cas de doute sur vos droits ou vos démarches, l’avocat est votre meilleur allié pour défendre vos intérêts sans aggraver votre situation professionnelle.
La discrimination liée à la santé peut générer un fort stress, de la culpabilité ou de la perte de confiance.
Il est important de :
Agir pour faire reconnaître une discrimination, c’est aussi reprendre le contrôle de sa situation et restaurer sa dignité au travail.
La santé d’un salarié ne devrait jamais être un motif d’exclusion, de mise à l’écart ou de sanction. Pourtant, la discrimination au travail liée à l’état de santé demeure une réalité trop fréquente. Elle fragilise non seulement les individus, mais aussi les valeurs d’équité et de respect sur lesquelles repose la vie en entreprise.
Grâce au droit du travail, chaque salarié dispose aujourd’hui d’outils juridiques solides pour se défendre.
Qu’il s’agisse de rassembler des preuves, d’alerter les bons interlocuteurs ou de saisir la justice, aucune démarche n’est anodine : chacune contribue à faire reculer l’injustice et à renforcer la protection des travailleurs.
Se faire accompagner par un avocat expérimenté en droit du travail, c’est s’assurer que chaque étape soit menée avec rigueur, stratégie et humanité.
Le Cabinet Villié Avocat, fort de son expertise en matière de litiges liés à la santé et à la discrimination, accompagne les salariés dans leurs démarches pour faire respecter leurs droits et restaurer leur équilibre professionnel.
Défendre sa dignité au travail, c’est aussi défendre le droit fondamental à la santé, au respect et à l’égalité de traitement.
de Paris, depuis 2014.
J’accompagne tant des employeurs
que des salariés en droit du travail.
le conseil de prud'hommes,
le Pôle social du tribunal judiciaire
ou le tribunal correctionnel.
Pouvant plaider devant les conseils de
prud'hommes de Paris et de province.